Né à Boulogne-sur-Mer le 3 mars 1763,
Jean Augustin Victor Yvart est le fils de Jean-François Yvart
et d'Isabelle Augustine Benoîte Lavoisier. Issu d’une famille
peu fortunée, qui fait des sacrifices pour l’entretenir
au collège, Yvart est destiné à la carrière
de l’enseignement. Dès 16 ans il est envoyé en
Angleterre afin de se perfectionner en anglais, mais aussi pour y donner
des cours de français ; il y passe quatre années, y visitant
les campagnes les mieux cultivées, s’entretenant avec
les agriculteurs les plus distingués. Revenu à Boulogne-sur-Mer,
il est accueilli par MM. Chabert et Gilbert, qui font une tournée
dans la province et qui l’emmènent avec eux à Alfort,
où il est établi comme secrétaire du directeur
de l’École royale vétérinaire. Il suit les
cours de cette École, jusqu’à ce que le gouvernement
lui confie la direction d’une ferme nationale, devant alors faire
valoir des terres de mauvaise qualité, en parties marécageuses
et souvent inondées, cultivées de seigle. Yvart entreprend
de fertiliser ces terres et de les dessécher, de bonifier le
sol, de détruire les plantes nuisibles, de supprimer les jachères
et de les couvrir de froment, de plantes sarclées et de prairies
artificielles. Il dirige ces terres pendant 30 ans, avant de les remettre à son
fils, quand elles sont déjà un modèle pour la
culture des plantes alimentaires et pour l’élève
des animaux domestiques. Cette ferme-modèle de Maisons-Alfort
manque de peu le prix décennal, qui est remis finalement à la
Mandria, près de Turin.
Par ailleurs, il continue de se charger de l’École d’Alfort
(professeur d’agriculture et d’économie rurale en 1806)
et écrit beaucoup de mémoires d’agronomie, parfois couronnés
par les Sociétés d’agriculture. Mais sous le régime
de la Terreur, il est quelque peu un objet de suspicion, accusé de
provoquer la famine en consacrant des terres à blé aux plantes
sarclées et aux prairies artificielles, et il n’a que la fuite
pour éviter l’arrêt du mort : Gilbert, son protecteur
et ami, parvient à lui donner la mission scientifique de visiter plusieurs
départements ruraux, ce jusqu’à ce qu’il puisse
revenir à son domaine. Il professe pendant 10 ans l’économie
rurale à Alfort, succédant à Daubenton et à Broussonet.
Il propose d’importantes notes pour la nouvelle édition du Théâtre
d’agriculture d'Olivier de Serres (1804-1805), plusieurs articles sur
les blés. Il compare l’agriculture française avec l’anglaise
(1806), visite également la Flandre, la Hollande, la Suisse, l’Italie.
Il est l’un des principaux collaborateurs du Nouveau Cours complet
d’agriculture (1809), fait des rapports sur divers établissements
ruraux, propose un mémoire sur l’amélioration de l’agriculture
du département de la Seine. Il se distingue en particulier par ses
ouvrages sur les assolements raisonnés et sur les meilleurs moyens
de parvenir graduellement à la suppression des jachères (divers
articles et deux mémoires en 1821 et 1822).
Il est membre correspondant de l'Académie des Sciences depuis 1809,
membre de la Société d’Agriculture de Paris, chevalier
de la Légion d’Honneur, membre de l’Institut de France,
de la Société royale et centrale d’agriculture, de celles
d’Horticulture, d’Encouragement, et d’un grand nombre d’autres
Académies (il est élu au siège de Parmentier à l'Académie
des Sciences le 21 février 1814) et Sociétés savantes
françaises et étrangères.
Surnommé « l'Arthur Young français », il quitte
le professorat en 1824, il se retire à Seine-Port, près de
Melun, dans un domaine qu’il a acheté, passant le plus fort
de son temps dans cette retraite, la Baronnie, dont il aménagea le
parc. Il vient encore tout de même assister aux séances de l’Académie
des sciences et à celles de la Société royale et centrale
d’agriculture. M. Yvart, cultivateur à Maisons, et M. Bourgeois,
directeur de l’établissement rural de Rambouillet, sont les
premiers qui aient cultivé en grand le topinambour, M. Parmentier
ayant fait connaître les avantages de sa culture pour la nourriture
des bestiaux.
Chevalier de la Légion d'Honneur, il meurt le 19 juin 1831 et sa mort
est annoncée à l'Académie des Sciences lors de la séance
du 4 juillet suivant. Une rue porte son nom à Paris ainsi qu'à Boulogne.