"Que sur ton Autel,
notre sang uni au Tien, attire Ta miséricorde sur la France."
C'est ici le temple de la
paix, de la paix des tombeaux ouverts vers le ciel, offrant à la
miséricorde divine les humbles et héroïques vertus
de ceux qui moururent pour leur Patrie dans la plus grande tempête
de fer et de feu - jamais ouïe.
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"Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de
toutes tes forces, suivant la parole du Seigneur. Comme lui, nous t'avons
aimé de toutes nos forces."
Pacifiques
et secourables, les brancardiers se penchèrent sur leurs corps mutilés
et sanglants. Précautionneusement, maternellement, au milieu
des dangers mortels, ils les transportèrent, amortissant chaos
et embûches. Une seule pensée les habitait, adoucir, autant
qu'il était possible, les souffrances des grands blessés
qu'ils avaient pris en charge, les confier, contre tous les obstacles, à ceux
qui pourraient peut-être retenir, dans ces corps mutilés,
une vie qui s'échappait. Et d'une civière à l'autre
allait, pressé, l'aumônier militaire. Revêtu de
l'uniforme du soldat, c'était même enveloppe, même
courage, même cœur; c'était un frère allant
entr'ouvrir à son frère, qu'étreignait, qu'étouffait
la Mort, la porte vers la Vie éternelle et bienheureuse.
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"O Marie, mère
de douleurs, tu as été notre
soutien et notre modèle au moment du sacrifice de nos êtres
les plus chers."
Ses yeux se
sont fermés, son sang
se glace dans ses veines, la vie s'est retirée de ce corps offert
en sacrifice. Mort est le combattants. A-t-il figure de très
jeune engagé volontaire, portant l'empreinte lumineuse du dernier
baiser d'une mère, d'un amour plus grand que la vie reçue
d'elle - ou d'un adversaire, incarnant la force virile, redoutable
encore dans son anéantissement - ou le masque d'un homme aux
traits burinés par l'exercice déjà ancien de la
volonté de bien servir toujour ? Quel qu'il soit, il est désormais
celui qui a bien mérité de sa patrie terrestre et dont
les anges consolateurs introduiront l'âme dans la patrie céleste.
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"Tu t'es offert à mon Père pour ton pays et les tiens
comme je me suis offert à Lui pour le salut de toutes les âmes"
Son corps, son pauvre corps,
transpercé et exangue,
le Christ le veut serrer sur son cœur, le réchauffer de la
plénitude de son amour. Il est venu sur son tombeau avec sa croix
et ses bras se referment sur le soldat qui a donné ce qu'il avait
de plus précieux pour sauver ses frères - tout son sang
qui s'en est allé avec sa vie. Comme le Christ ! qui a daigné s'unir à notre
humanité pour nous sauver.
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"Nous étions
là, remplaçant les tiens, pour panser tes souffrances"
Et
voici l'infirmière ! Comme le soldat, deux
anges pieusement la soutiennent. Ses traits accusés n'expriment
pas la souffrance, mais l'abnégation et l'amour - pour ceux
qu'elle a soignés, qu'elle a aimés plus qu'elle-même,
pour ces fils de France qui étaient sa fierté. Sa plus
belle récompense était de partager leur destin
- Avec eux pour toujours.
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"Bienheureux ceux
qui ont souffert, car le royaume des cieux est à eux"
"Dans la terre ténébreuse
couverte de l'obscurité de la mort" le corps du combattant
repose. Oh ! le silence poignant des cimetières militaires du
front... Mais cette forêt de petites croix toutes semblables,
bien rangées, comme si les soldats dont elles portent les noms
s'étaient rassemblés pour une suprême parade, rappellent
la promesse divine. "Celui qui croit en moi, quand même
il serait mort, vivra". Nos glorieux défenseurs ont la
promese de la vie éternelle.
Pèlerin de ce Haut Lieu, où toute âme attentive perçoit
l'âme de la France, avant de les quitter, tous ces morts qui t'observent,
tous tes morts, receuille-toi et prie. "Que ta lumière, Seigneur,
luise à jamais sur eux". Ne les plains pas, car leur sacrifice
atteignit les cîmes.
Garde leur souvenir pour devenir plu fort.Deo gratias
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